English version

Alexander Graham Bell. La jeunesse et le génie de l'inventeur.

Les documents utilisés pour cette exposition sont les documents originaux, la plupart publiés en anglais seulement.


Les premières années

Alexander Graham Bell naît à Édimbourg, en Écosse, le 3 mars 1847. Il a reçu son éducation primaire de ses parents et de tuteurs, comme c’était alors la coutume. Héritant du talent musical de sa mère ce dernier a affirmé, plus tard dans sa vie, qu’il se souvenait d'avoir toujours joué du piano. Enfant, il pouvait jouer à l’oreille et improviser au piano pendant de longues périodes.
Déclaration de naissance d’Alexander Graham Bell (Source : National Records of Scotland) Lieu de naissance d’Alexander Graham Bell, 16 rue Charlotte Sud, Édimbourgh, Écosse
Déclaration de naissance d’Alexander Graham Bell (Source : National Records of Scotland) Lieu de naissance d’Alexander Graham Bell, 16 rue Charlotte Sud, Édimbourgh, Écosse.
Recensement de l’Écosse en 1851 (Source : National Records of Scotland)
Recensement de l’Écosse en 1851 (Source : National Records of Scotland)
Alexander Graham Bell (rangée arrière, quatrième à partir de la gauche) et ses camarades de classe de la Royal High School, Édimbourgh, Écosse, 1858
Alexander Graham Bell (rangée arrière, quatrième à partir de la gauche) et ses camarades de classe de la Royal High School, Édimbourgh, Écosse, 1858.
Assis au premier plan, Alexander Melville Bell et son épouse, Eliza Grace (née Symonds). Ils sont entourés de leurs fils, de gauche à droite : Alexander Graham, Melville James et Edward Charles, 1860.
Assis au premier plan, Alexander Melville Bell et son épouse, Eliza Grace (née Symonds). Ils sont entourés de leurs fils, de gauche à droite : Alexander Graham, Melville James et Edward Charles, 1860.
Ses études à la McLaren’s Academy et au Royal High School, sont loin d’être brillantes. Il aime la musique, la botanique et l’histoire naturelle, matières qui ne figurent pas au programme scolaire, et il déteste intensément le latin et le grec, alors piliers de l’enseignement formel. Avant de quitter l’école secondaire en 1862, il a déjà réalisé sa première invention : un système pour faciliter l’enlèvement des cosses dans un moulin à grain, basé sur le principe d’une brosse à ongles.

Alexander Graham Bell, à l’âge de 15 et 17 ans. La photographie de gauche a été prise par son père, à leur maison de campagne, Milton Cottage, Trinity, Édimbourgh, 1862.
Alexander Graham Bell, à l’âge de 15 et 17 ans. La photographie de gauche a été prise par son père, à leur maison de campagne, Milton Cottage, Trinity, Édimbourgh, 1862.
La même année, Graham et ses frères aident leur père, Alexander Melville Bell, lors de démonstrations publiques du Visible Speech – un code de symboles indiquant la position et l'action de la gorge, de la langue et des lèvres lors de l'émission de divers sons. Autour de cette période, Graham s’inscrit également comme étudiant-enseignant à Weston House, une école de garçons près d'Édimbourg, où il enseigne la musique et l'art oratoire en échange d'enseignements sur d'autres matières. Plus tard, après des études à l'Université d'Édimbourg, il est devient enseignant à plein temps. Il trouve également le temps de se qualifier pour des études à l'Université de Londres et d'utiliser le Visible Speech pour enseigner à une classe d'enfants ayant une déficience de l’audition. Tout en menant une série d'expériences sur la voix et les sons, il ne peut pas écarter de son esprit la possibilité de « télégraphier » la parole, bien qu'il n'ait aucune idée de comment le faire. Ce n'est qu'en 1867 qu'il s’intéresse à l'électricité et installe un fil télégraphique de sa chambre à celle d'un ami.

Des symboles du Visible Speech inventé par Alexander Melville Bell, pour enseigner la production de mots aux enfants ayant une déficience de l’audition.
Des symboles du Visible Speech inventé par Alexander Melville Bell, pour enseigner la production de mots aux enfants ayant une déficience de l’audition.
Puis, en 1870, un malheur bouleverse la famille Bell. Le plus jeune frère de Graham était déjà mort de la tuberculose et maintenant, son frère aîné, Melville James, succombe à la même maladie. Les médecins font savoir que Graham présente également des facteurs de risques importants. Son père n’hésite pas et sacrifie sa carrière d'enseignant à Londres pour s'embarquer avec sa famille pour le Canada. Six jours après leur arrivée au pays, le 18 août 1870, la famille achète une maison à Brantford, en Ontario, aujourd'hui connue sous le nom de Bell Homestead.



La naissance d’une grande invention

Le 26 juillet 1874 marque le point culminant de plusieurs mois d’expérimentations, au cours desquels le jeune inventeur Alexander Graham Bell met au point un téléphone fonctionnel à partir d’un concept décrit à son père, Melville Bell, à leur résidence familiale située près de Brantford, en Ontario. Les diagrammes et nombreuses notes de M. Bell, en plus du journal de son père, ont aidé à prouver qu’il était effectivement celui qui avait inventé le téléphone.
Alexander Graham Bell Phonautographe
Durant son séjour à Brantford à l’été 1874, A.G. Bell étudie les modèles d’ondulation de la voix, rendues visibles grâce à un appareil nommé « phonautographe ». Pour parler, l’utilisateur se servait d’une trompette conique, à laquelle était attaché, à l’extrémité la plus étroite, une membrane ou un diaphragme. Réagissant aux vibrations du diaphragme, un brin de soie traçait les formes ondulatoires sur une plaque de verre fumé au fur et à mesure qu’il se déplaçait. La trompette pour parler et le diaphragme du phonautographe deviendraient plus tard l’embout et le diaphragme du transmetteur téléphonique.
Le 3 juin 1875, l’assistant de M. Bell, Thomas Watson, fabrique le premier téléphone, le « Gallows Frame »; son nom fait référence à son apparence. Des sons semblables à des paroles ont été entendus, mais aucun mot ou aucune phrase. Comme Watson le dira plus tard, il a reconnu la voix de M. Bell par sa forte tonalité et le son des voyelles.

Voici un court film sur le téléphone « Gallows Frame ».
Le « transmetteur liquide », un autre modèle de téléphone qui fut testé par A.G. Bell le 10 mars 1876, a transmis pour la toute première fois au monde une phrase complète au moyen de l’électricité (écoutez le récit des événements narré par Thomas Watson en cliquant sur le lien ci-dessus).

La même année, l’inventeur effectue le premier appel interurbain au monde, entre Brantford et Paris, en Ontario, à l’aide d’une ligne de télégraphe de 13 kilomètres de long.
Émetteur à diaphragme de Bell et son récepteur à boîte en fer. Les spécifications du premier brevet du téléphone.
En 1876, l’émetteur à diaphragme de Bell et son récepteur à boîte en fer ont réussi à transmettre et à recevoir le tout premier appel interurbain unidirectionnel au monde, entre les villes de Brantford et Paris, en Ontario. Au Canada, le premier appel interurbain bidirectionnel a été effectué entre Montréal et Québec en 1877.
Les spécifications du premier brevet du téléphone ont été rédigées à Brantford en septembre 1875. A.G. Bell se voit accorder le brevet américain en 1876 et le brevet canadien en 1877 (voir l’image).

 

Le premier bureau d’affaires du téléphone au Canada

En 1877, A.G. Bell cède 75 % des droits du brevet canadien du téléphone à son père, le professeur Alexander Melville Bell. Après avoir reçu les droits canadiens de la part de son fils, Melville Bell, en collaboration avec l’agent Thomas Henderson, met sur pied une entreprise canadienne du téléphone. C’est le début de la commercialisation du téléphone.

À cette époque, les lignes sont accrochées entre les paires de téléphones et la conversation se fait uniquement de façon unidirectionnelle. Les abonnés qui veulent communiquer entre le bureau et la maison ou entre la maison et l’atelier ont donc quatre téléphones : deux à la maison, un au bureau et un à l’atelier, ainsi que deux lignes téléphoniques (de la maison au bureau et de la maison à l’atelier).
Melville Bell Thomas Henderson
Melville Bell Thomas Henderson
Une découpure du Scientific American illustrant deux personnes utilisant des téléphones manuels en bois.
Une découpure du Scientific American illustrant deux personnes utilisant des téléphones manuels en bois.


Première page du Scientific American illustrant A.G. Bell à Salem, dans l’état du Massachussetts, donnant une conférence et faisant la démonstration du téléphone en bois sous forme de boîte, branché à son laboratoire de Boston, 23 kilomètres plus loin (1877).


Maison située au 30, rue Sheridan (anciennement le no 46), Brantford, en Ontario. C’est à cet endroit que le révérend Thomas Henderson fonde le premier bureau d’affaires du téléphone de l’Empire britannique.


Contrat entre Melville Bell et l’honorable Alexander Mackenzie pour la location de deux téléphones manuels en bois et deux téléphones en forme de boîte (1877).


Ce téléphone ressemblant à un appareil photographique a été le premier téléphone utilisé dans un cadre commercial. L’ouverture circulaire servait à la fois de récepteur et de transmetteur. Deux de ces appareils, en plus de deux téléphones manuels en bois, ont été les premiers à être loués au Canada, reliant le bureau du premier ministre Alexander Mackenzie à Rideau Hall à la résidence privée du gouverneur général Lord Dufferin.


La fabrication du premier téléphone

Alors que Melville Bell détient 75 % des droits du brevet canadien, le reste est cédé à l’inventeur Charles Williams Jr. de Boston, Massachussetts; en échange, ce dernier doit fournir 1 000 téléphones sans frais. Toutefois, après cette transaction, deux enjeux importants apparaissent. D’abord, la demande en téléphones aux États-Unis, téléphones pour lesquels M. Williams avait été payé, devient tellement grande que ce dernier prend du retard dans les commandes placées par Melville Bell. Ensuite, les frais de douanes canadiennes que doit débourser Melville Bell pour chaque téléphone fabriqué aux États-Unis sont élevés. De plus, les lois concernant les brevets obligent les Canadiens à cesser l’importation de téléphones peu de temps après l’émission du brevet en 1877.

Il est donc évident que les téléphones doivent désormais être faits au Canada. On décide que James Cowherd, un électricien de Brantford, ira étudier la fabrication des téléphones à l’atelier de M. Williams; en décembre 1878, M. Cowherd commence à fabriquer ses propres appareils. Comme le nombre de commandes augmente, ce dernier bâtit un nouvel atelier – le premier au Canada consacré à la fabrication de téléphones. Le 15 décembre 1878, le premier téléphone à main en caoutchouc est officiellement testé, et c’est une réussite. Cette même année, la ville d’Hamilton en reçoit la première commande pour l’utilisation par la municipalité.

James H. Cowherd a continué de fabriquer des téléphones et des équipements accessoires pour La Compagnie de téléphone Bell du Canada jusqu’à son décès soudain en février 1881, à l’âge de 31 ans. Au cours de sa vie, il aura produit plus de 2 400 téléphones.
Facture originale d’équipement téléphonique acheté par Thomas Henderson, agent principal de la Bell Telephone Company of Canada, auprès de Charles Williams Jr., fabricant autorisé pour la National Bell Telephone Company, 1877.
En 1878, James H. Cowherd bâtit le premier atelier canadien consacré à la fabrication de téléphones. Cet atelier était situé au 32, rue Wharf, à Brantford, en Ontario. Le bâtiment fut démoli en 1992. 
Portrait de James H. Cowherd, vers 1880.


De plus en plus d’utilisateurs

Le téléphone passe rapidement de curiosité à objet du quotidien; en effet, de plus en plus d’utilisateurs désirent communiquer entre eux. Le premier central téléphonique au Canada (neuvième au monde et premier à l’extérieur des États-Unis) entre en fonction en 1878 à Hamilton, en Ontario. Le petit nombre d’abonnés augmente sans cesse, et bientôt, il devient possible de communiquer aux plus grandes villes du pays.
En 1878, Hugh Crossart Baker établit le premier central téléphonique au Canada à Hamilton, en Ontario. Les abonnés du central téléphonique d’Hamilton utilisaient ce téléphone à main à la fois comme transmetteur et récepteur, en le déplaçant de la bouche à l’oreille pour parler ou écouter. Le téléphoniste opérait un standard téléphonique à sept lignes, avec dix abonnés par ligne.
Liste des abonnés du téléphone à Hamilton (1878) Cette publicité de 1879 illustre le nouveau téléphone mural, créé dans le but de satisfaire aux utilisateurs qui perdaient des bouts de conversation lorsqu’ils déplaçaient le transmetteur/récepteur de la bouche à l’oreille.
Le premier annuaire téléphonique du Canada (en forme de livret), publié par la Toronto Despatch Company en juin 1879.
      
Publicités de la Dominion Telegraph Company, désignée agente pour le téléphone d’Alexander Graham Bell au Canada en 1879.
Démonstration du téléphone à des journalistes de Montréal en 1879, au bureau de la Dominion Telegraph Company, où sera situé plus tard le premier central téléphonique de La Compagnie de Téléphone Bell. Le standard téléphonique était courbé autour de la pièce car la compagnie avait donné ses dimensions en pouces, mais le fabriquant les avait fournies en pieds.
Un exemplaire de téléphone mural conservé dans la collection historique de Bell.


Brantford, la Ville du téléphone

Le téléphone a-t-il été inventé au Canada ou aux États-Unis ? Depuis plusieurs décennies, de nombreux débats tentent de déterminer le lieu de naissance de l’une des plus grandes inventions à date. Pour Alexander Graham Bell, il n’y a aucun doute que ses premières expériences ont eu lieu à sa résidence, où il a émigré de l’Angleterre avec sa famille en 1870. Pendant une conférence adressée au Canadian Club of Ottawa en juin 1909, il déclare : […] une chose est certaine, le téléphone a été inventé au Canada… Brantford est incontestablement une ville distinctive et est à juste titre nommée « Ville du téléphone ». Voici quelques traces du passé, témoins de la réputation et de la fierté de Brantford.
Des membres de la famille Bell à leur résidence de Tutela Heights, à Brantford, en Ontario, en 1876. En 1909, on fait don de la maison au service des parcs de Brantford afin qu’elle soit ouverte au public, et en 1977, on la désigne Lieu historique national au Canada de la Maison-Familiale-Rurale-de-Bell.

Alexander Graham Bell (à gauche) sur les marches du Mémorial Bell le jour de son inauguration. Il fut érigé le 24 octobre 1917 afin de commémorer l’invention du téléphone à Brantford. Panneau d’affichage situé sur le terrain de camping Mohawk Park, Brantford, Ontario, 1928.
La statue d’Alexander Graham Bell dans le portique du central téléphonique situé au 86, rue Market. Sur la photo, on aperçoit Norman Knight, ingénieur en chef (région ouest), qui a eu l’idée d’ériger cette statue (1949). Installation d’un gigantesque téléphone de modèle 302 à Brantford. Parmi le groupe à la cérémonie, on compte le maire Reg Cooper et des membres de la réserve des Six Nations (1955).
Extrait du journal Brantford Expositor (1936)
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Les documents utilisés pour cette exposition sont les documents originaux, la plupart publiés en anglais seulement.


Les premières années

Alexander Graham Bell naît à Édimbourg, en Écosse, le 3 mars 1847. Il a reçu son éducation primaire de ses parents et de tuteurs, comme c’était alors la coutume. Héritant du talent musical de sa mère ce dernier a affirmé, plus tard dans sa vie, qu’il se souvenait d'avoir toujours joué du piano. Enfant, il pouvait jouer à l’oreille et improviser au piano pendant de longues périodes.
Déclaration de naissance d’Alexander Graham Bell (Source : National Records of Scotland)

Lieu de naissance d’Alexander Graham Bell, 16 rue Charlotte Sud, Édimbourgh, Écosse.

Recensement de l’Écosse en 1851 (Source : National Records of Scotland)

Alexander Graham Bell (rangée arrière, quatrième à partir de la gauche) et ses camarades de classe de la Royal High School, Édimbourgh, Écosse, 1858.

Assis au premier plan, Alexander Melville Bell et son épouse, Eliza Grace (née Symonds). Ils sont entourés de leurs fils, de gauche à droite : Alexander Graham, Melville James et Edward Charles, 1860.

Ses études à la McLaren’s Academy et au Royal High School, sont loin d’être brillantes. Il aime la musique, la botanique et l’histoire naturelle, matières qui ne figurent pas au programme scolaire, et il déteste intensément le latin et le grec, alors piliers de l’enseignement formel. Avant de quitter l’école secondaire en 1862, il a déjà réalisé sa première invention : un système pour faciliter l’enlèvement des cosses dans un moulin à grain, basé sur le principe d’une brosse à ongles.

Alexander Graham Bell, à l’âge de 15 et 17 ans. La photographie de gauche a été prise par son père, à leur maison de campagne, Milton Cottage, Trinity, Édimbourgh, 1862.

La même année, Graham et ses frères aident leur père, Alexander Melville Bell, lors de démonstrations publiques du Visible Speech – un code de symboles indiquant la position et l'action de la gorge, de la langue et des lèvres lors de l'émission de divers sons. Autour de cette période, Graham s’inscrit également comme étudiant-enseignant à Weston House, une école de garçons près d'Édimbourg, où il enseigne la musique et l'art oratoire en échange d'enseignements sur d'autres matières. Plus tard, après des études à l'Université d'Édimbourg, il est devient enseignant à plein temps. Il trouve également le temps de se qualifier pour des études à l'Université de Londres et d'utiliser le Visible Speech pour enseigner à une classe d'enfants ayant une déficience de l’audition. Tout en menant une série d'expériences sur la voix et les sons, il ne peut pas écarter de son esprit la possibilité de«  télégraphier » la parole, bien qu'il n'ait aucune idée de comment le faire. Ce n'est qu'en 1867 qu'il s’intéresse à l'électricité et installe un fil télégraphique de sa chambre à celle d'un ami.



Des symboles du Visible Speech inventé par Alexander Melville Bell, pour enseigner la production de mots aux enfants ayant une déficience de l’audition.

Puis, en 1870, un malheur bouleverse la famille Bell. Le plus jeune frère de Graham était déjà mort de la tuberculose et maintenant, son frère aîné, Melville James, succombe à la même maladie. Les médecins font savoir que Graham présente également des facteurs de risques importants. Son père n’hésite pas et sacrifie sa carrière d'enseignant à Londres pour s'embarquer avec sa famille pour le Canada. Six jours après leur arrivée au pays, le 18 août 1870, la famille achète une maison à Brantford, en Ontario, aujourd'hui connue sous le nom de Bell Homestead.




La naissance d’une grande invention

Le 26 juillet 1874 marque le point culminant de plusieurs mois d’expérimentations, au cours desquels le jeune inventeur Alexander Graham Bell met au point un téléphone fonctionnel à partir d’un concept décrit à son père, Melville Bell, à leur résidence familiale située près de Brantford, en Ontario. Les diagrammes et nombreuses notes de M. Bell, en plus du journal de son père, ont aidé à prouver qu’il était effectivement celui qui avait inventé le téléphone.


Durant son séjour à Brantford à l’été 1874, A.G. Bell étudie les modèles d’ondulation de la voix, rendues visibles grâce à un appareil nommé « phonautographe ». Pour parler, l’utilisateur se servait d’une trompette conique, à laquelle était attaché, à l’extrémité la plus étroite, une membrane ou un diaphragme. Réagissant aux vibrations du diaphragme, un brin de soie traçait les formes ondulatoires sur une plaque de verre fumé au fur et à mesure qu’il se déplaçait. La trompette pour parler et le diaphragme du phonautographe deviendraient plus tard l’embout et le diaphragme du transmetteur téléphonique.
Le 3 juin 1875, l’assistant de M. Bell, Thomas Watson, fabrique le premier téléphone, le « Gallows Frame »; son nom fait référence à son apparence. Des sons semblables à des paroles ont été entendus, mais aucun mot ou aucune phrase. Comme Watson le dira plus tard, il a reconnu la voix de M. Bell par sa forte tonalité et le son des voyelles.

Voici un court film sur le téléphone « Gallows Frame ».
Le « transmetteur liquide », un autre modèle de téléphone qui fut testé par A.G. Bell le 10 mars 1876, a transmis pour la toute première fois au monde une phrase complète au moyen de l’électricité (écoutez le récit des événements narré par Thomas Watson en cliquant sur le lien ci-dessus).

La même année, l’inventeur effectue le premier appel interurbain au monde, entre Brantford et Paris, en Ontario, à l’aide d’une ligne de télégraphe de 13 kilomètres de long.
En 1876, l’émetteur à diaphragme de Bell et son récepteur à boîte en fer ont réussi à transmettre et à recevoir le tout premier appel interurbain unidirectionnel au monde, entre les villes de Brantford et Paris, en Ontario. Au Canada, le premier appel interurbain bidirectionnel a été effectué entre Montréal et Québec en 1877.
Les spécifications du premier brevet du téléphone ont été rédigées à Brantford en septembre 1875. A.G. Bell se voit accorder le brevet américain en 1876 et le brevet canadien en 1877 (voir l’image).

 

Le premier bureau d’affaires du téléphone
au Canada
En 1877, A.G. Bell cède 75 % des droits du brevet canadien du téléphone à son père, le professeur Alexander Melville Bell. Après avoir reçu les droits canadiens de la part de son fils, Melville Bell, en collaboration avec l’agent Thomas Henderson, met sur pied une entreprise canadienne du téléphone. C’est le début de la commercialisation du téléphone.

À cette époque, les lignes sont accrochées entre les paires de téléphones et la conversation se fait uniquement de façon unidirectionnelle. Les abonnés qui veulent communiquer entre le bureau et la maison ou entre la maison et l’atelier ont donc quatre téléphones : deux à la maison, un au bureau et un à l’atelier, ainsi que deux lignes téléphoniques (de la maison au bureau et de la maison à l’atelier).
Melville Bell
Thomas Henderson
Une découpure du Scientific American illustrant deux personnes utilisant des téléphones manuels en bois.
Maison située au 30, rue Sheridan (anciennement le no 46), Brantford, en Ontario. C’est à cet endroit que le révérend Thomas Henderson fonde le premier bureau d’affaires du téléphone de l’Empire britannique.
Première page du Scientific American illustrant A.G. Bell à Salem, dans l’état du Massachussetts, donnant une conférence et faisant la démonstration du téléphone en bois sous forme de boîte, branché à son laboratoire de Boston, 23 kilomètres plus loin (1877).
Contrat entre Melville Bell et l’honorable Alexander Mackenzie pour la location de deux téléphones manuels en bois et deux téléphones en forme de boîte (1877).
Ce téléphone ressemblant à un appareil photographique a été le premier téléphone utilisé dans un cadre commercial. L’ouverture circulaire servait à la fois de récepteur et de transmetteur. Deux de ces appareils, en plus de deux téléphones manuels en bois, ont été les premiers à être loués au Canada, reliant le bureau du premier ministre Alexander Mackenzie à Rideau Hall à la résidence privée du gouverneur général Lord Dufferin.


La fabrication du premier téléphone
Alors que Melville Bell détient 75 % des droits du brevet canadien, le reste est cédé à l’inventeur Charles Williams Jr. de Boston, Massachussetts; en échange, ce dernier doit fournir 1 000 téléphones sans frais. Toutefois, après cette transaction, deux enjeux importants apparaissent. D’abord, la demande en téléphones aux États-Unis, téléphones pour lesquels M. Williams avait été payé, devient tellement grande que ce dernier prend du retard dans les commandes placées par Melville Bell. Ensuite, les frais de douanes canadiennes que doit débourser Melville Bell pour chaque téléphone fabriqué aux États-Unis sont élevés. De plus, les lois concernant les brevets obligent les Canadiens à cesser l’importation de téléphones peu de temps après l’émission du brevet en 1877.

Il est donc évident que les téléphones doivent désormais être faits au Canada. On décide que James Cowherd, un électricien de Brantford, ira étudier la fabrication des téléphones à l’atelier de M. Williams; en décembre 1878, M. Cowherd commence à fabriquer ses propres appareils. Comme le nombre de commandes augmente, ce dernier bâtit un nouvel atelier – le premier au Canada consacré à la fabrication de téléphones. Le 15 décembre 1878, le premier téléphone à main en caoutchouc est officiellement testé, et c’est une réussite. Cette même année, la ville d’Hamilton en reçoit la première commande pour l’utilisation par la municipalité.

James H. Cowherd a continué de fabriquer des téléphones et des équipements accessoires pour La Compagnie de téléphone Bell du Canada jusqu’à son décès soudain en février 1881, à l’âge de 31 ans. Au cours de sa vie, il aura produit plus de 2 400 téléphones.
Facture originale d’équipement téléphonique acheté par Thomas Henderson, agent principal de la Bell Telephone Company of Canada, auprès de Charles Williams Jr., fabricant autorisé pour la National Bell Telephone Company, 1877.
En 1878, James H. Cowherd bâtit le premier atelier canadien consacré à la fabrication de téléphones. Cet atelier était situé au 32, rue Wharf, à Brantford, en Ontario. Le bâtiment fut démoli en 1992. 
Portrait de James H. Cowherd, vers 1880.


De plus en plus d’utilisateurs
Le téléphone passe rapidement de curiosité à objet du quotidien; en effet, de plus en plus d’utilisateurs désirent communiquer entre eux. Le premier central téléphonique au Canada (neuvième au monde et premier à l’extérieur des États-Unis) entre en fonction en 1878 à Hamilton, en Ontario. Le petit nombre d’abonnés augmente sans cesse, et bientôt, il devient possible de communiquer aux plus grandes villes du pays.
En 1878, Hugh Crossart Baker établit le premier central téléphonique au Canada à Hamilton, en Ontario.
Les abonnés du central téléphonique d’Hamilton utilisaient ce téléphone à main à la fois comme transmetteur et récepteur, en le déplaçant de la bouche à l’oreille pour parler ou écouter. Le téléphoniste opérait un standard téléphonique à sept lignes, avec dix abonnés par ligne.
Liste des abonnés du téléphone à Hamilton (1878)
Cette publicité de 1879 illustre le nouveau téléphone mural, créé dans le but de satisfaire aux utilisateurs qui perdaient des bouts de conversation lorsqu’ils déplaçaient le transmetteur/récepteur de la bouche à l’oreille.
Le premier annuaire téléphonique du Canada (en forme de livret), publié par la Toronto Despatch Company en juin 1879.
   
  
Publicités de la Dominion Telegraph Company, désignée agente pour le téléphone d’Alexander Graham Bell au Canada en 1879.
Démonstration du téléphone à des journalistes de Montréal en 1879, au bureau de la Dominion Telegraph Company, où sera situé plus tard le premier central téléphonique de La Compagnie de Téléphone Bell. Le standard téléphonique était courbé autour de la pièce car la compagnie avait donné ses dimensions en pouces, mais le fabriquant les avait fournies en pieds.
Un exemplaire de téléphone mural conservé dans la collection historique de Bell.


Brantford, la Ville du téléphone
Le téléphone a-t-il été inventé au Canada ou aux États-Unis ? Depuis plusieurs décennies, de nombreux débats tentent de déterminer le lieu de naissance de l’une des plus grandes inventions à date. Pour Alexander Graham Bell, il n’y a aucun doute que ses premières expériences ont eu lieu à sa résidence, où il a émigré de l’Angleterre avec sa famille en 1870. Pendant une conférence adressée au Canadian Club of Ottawa en juin 1909, il déclare : […] une chose est certaine, le téléphone a été inventé au Canada… Brantford est incontestablement une ville distinctive et est à juste titre nommée « Ville du téléphone ». Voici quelques traces du passé, témoins de la réputation et de la fierté de Brantford.
Des membres de la famille Bell à leur résidence de Tutela Heights, à Brantford, en Ontario, en 1876. En 1909, on fait don de la maison au service des parcs de Brantford afin qu’elle soit ouverte au public, et en 1977, on la désigne Lieu historique national au Canada de la Maison-Familiale-Rurale-de-Bell.
Alexander Graham Bell (à gauche) sur les marches du Mémorial Bell le jour de son inauguration. Il fut érigé le 24 octobre 1917 afin de commémorer l’invention du téléphone à Brantford.
Panneau d’affichage situé sur le terrain de camping Mohawk Park, Brantford, Ontario, 1928.
La statue d’Alexander Graham Bell dans le portique du central téléphonique situé au 86, rue Market. Sur la photo, on aperçoit Norman Knight, ingénieur en chef (région ouest), qui a eu l’idée d’ériger cette statue (1949).
Installation d’un gigantesque téléphone de modèle 302 à Brantford. Parmi le groupe à la cérémonie, on compte le maire Reg Cooper et des membres de la réserve des Six Nations (1955).
Extrait du journal Brantford Expositor (1936)